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Alimentation

Manger ne se limite pas à ce que j'ai dans l'assiette

Lundi 21 septembre 2020

La nourriture nous réconforte, nous fait plaisir, compense des sentiments négatifs. Elle rassemble, que ce soit dans les bons ou mauvais moments. Pour preuve : la majeure partie des réunions en famille ou entre amis se passe autour d’une table.

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manger, bon pour la santé et pour le moral

Dissocier la faim de l’envie de manger

On mange parce que l’on a faim ; c’est le premier motif, mais loin d’être le seul. On mange aussi parce qu’on est triste, on se sent seul, pour avoir la sensation de se remplir, pour partager un moment convivial, parce que c’est l’heure, par habitude, parce que les petits-enfants sont là (sinon on sauterait bien le repas !), par gourmandise, pour s’occuper en regardant la télé...

S’interroger sur le « pourquoi je mange » permet de mieux comprendre nos comportements alimentaires. Il ne s’agit pas de les modifier, mais avant tout de les comprendre.

Le repas a un rôle social très important.

Lorsque l’on mange en groupe, on partage un plat, un espace autour de la table, une conversation, un moment de vie où l’on est rassemblé. C’est pourquoi le repas est un acte de la vie privilégié et excessivement important.

 Ce qui peut perturber cet équilibre, c’est la télévision, les disputes, les repas pris chacun de son côté (« enfants frigos »), la dictature des régimes instaurés dans la famille. La télévision, il suffit de l’éteindre, et le tour est joué. Pour ce qui est des conversations qui risquent d’engendrer des disputes, il vaut mieux les reporter à un autre moment de la journée. Cela pose une situation de conflit pendant le repas et, à force, peut engendrer l’association : repas/colère. Pour supporter cette situation, certaines personnes peuvent manger plus pour compenser le stress occasionné par les conflits.

Les régimes peuvent réduire le rôle social du repas

Si une personne dans une famille, un groupe, ne mange pas comme les autres, elle ne partagera plus les mêmes plats... et la notion de partage sera rompue. Des régimes peuvent être « incontournables » parce que notre état de santé nous les impose. Il faut dans ce cas-là que l’ensemble de la famille fasse un effort pour que les plats soient le moins différents possible.

S’il s’agit d’un régime que la personne s’impose pour perdre quelques kilos avant l’été, c’est autre chose. Si ce sont de bonnes résolutions, qui autorisent une alimentation équilibrée et agréable, toute la petite famille peut s’y mettre. Avoir une meilleure hygiène alimentaire peut être bénéfique à tout le monde à condition de manger « bon », avec plaisir, et de manger à sa faim. Il n’est pas envisageable de mettre en place, au sein de la famille ou du couple, des régimes basés sur la privation et les déséquilibres alimentaires. Ce serait pour autant une source de conflits supplémentaire.

Par contre, au cours des années de consultation, j’ai vu des changements dans des familles. Lorsqu’un patient venait me voir en consultation pour perdre quelques kilos, on modifiait ensemble son alimentation en prenant en compte tous les paramètres : ce qu’il mangeait, à quel moment et pourquoi, son rythme de vie, son travail, sa famille, ses envies, ses frustrations alimentaires, les aliments « plaisir » à conserver absolument, les pathologies, les traitements médicamenteux, les régimes testés et leurs résultats. Pendant son suivi, le patient perdait du poids tout en mangeant avec plaisir et à sa faim. Alors, là seulement, les autres éléments de la famille adoptaient les mêmes menus. Certaines personnes ont besoin de voir pour croire, mais on ne peut pas leur en vouloir ; le temps apporte des réponses.

La nourriture réconforte

Bien souvent, les peines, le sentiment de solitude ou de vide affectif, le stress, etc. occasionnent des envies de manger, ce qui est à dissocier de la sensation de faim. Dans ces cas-là, vous pouvez manger ce qui vous fait envie, mais en petite quantité. Le besoin sera satisfait sans tomber dans l’excès de consommation.

Certains aliments peuvent rappeler des souvenirs, nous rattachent à nos racines, à notre enfance. Ce qui est important en alimentation, dans tout ce que nous exprimons à travers elle, ce n’est pas de nous priver, mais de comprendre. La nourriture est un pansement de la vie, ne lui retirons pas ce rôle.