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LES FRANÇAIS CONTAMINÉS PAR LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

Jeudi 26 septembre 2019

Bisphénols, phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés… Pour la première fois, Santé publique France a mesuré la présence de ces perturbateurs endocriniens dans l’organisme des enfants et des adultes, auprès d’un large échantillon. Près de 70 biomarqueurs ont ainsi été étudiés. Les résultats publiés le 3 septembre montrent que ces polluants du quotidien sont présents dans l’organisme de tous les Français.

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Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, un programme de biosurveillance a été mis en place pour répondre aux préoccupations des Français et mesurer la présence de polluants de l’environnement dans le corps humain. Les travaux ont été menés sur un échantillon représentatif de la population composée de 1104 enfants et 2503 adultes. 

Les résultats concernant les polluants du quotidien publiés aujourd’hui constituent le premier volet de cette grande étude de Biosurveillance menée par Santé publique France. Ils seront suivis de deux autres volets sur les métaux et les pesticides.

PERTURBATEURS ENDOCRINIENS, DES POLLUANTS DÉTECTÉS DANS L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

Les bisphénols (A, F et S), les phtalates, les parabènes, les éthers de glycol, les retardateurs de flamme et les composés perfluorés sont pour certains des perturbateurs endocriniens ou des cancérigènes, avérés ou suspectés. Santé publique France a choisi de mesurer ces substances présentes dans notre environnement.

Les principaux résultats montrent que :

  • Ces polluants sont présents dans l’organisme de l’ensemble des adultes et des enfants.
  • Les niveaux d’imprégnation mesurés sont comparables à ceux d’autres études menées à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et au Canada à l’exception des retardateurs de flamme bromés, des bisphénols S et F et des parabènes.
  • Des niveaux d’imprégnation plus élevés sont retrouvés chez les enfants. Plusieurs hypothèses pourraient expliquer ces niveaux : des contacts cutanés et de type « main bouche » plus fréquents pour des produits du quotidien (jouets, peintures…) ; des expositions plus importantes liées à une exposition accrue aux poussières domestiques ou à un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires, comparativement aux adultes.

DES SOURCES D’EXPOSITIONS DIFFÉRENTES SELON LES SUBSTANCES

  • L’alimentation n’apparaît pas comme une source d’exposition exclusive à ces substances.
  • L’utilisation de produits cosmétiques et de soins augmente les niveaux d’imprégnation des parabènes et des éthers de glycol.
  • La fréquence de l’aération du logement a une influence sur les niveaux d’imprégnation des perfluorés et des retardateurs de flamme bromés : plus le logement est aéré, plus les niveaux d’imprégnation sont bas.

Le même jour, en déplacement à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’Enfance, ont présenté la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens. Celle-ci vise à réduire l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens et la contamination de l’environnement par des actions de recherche et d’expertise, d’information du public, de formation des professionnels et un meilleur encadrement réglementaire.


Parallèlement la France va demander à la Commission européenne de réviser les règlements qui s’appliquent aux objets du quotidien, notamment aux cosmétiques et aux jouets, afin de prendre en compte les perturbateurs endocriniens. L’association Générations Futures  appelle le gouvernement à réagir de manière forte. 

"IL FAUT ABSOLUMENT FAIRE DISPARAÎTRE CETTE EXPOSITION DE LA POPULATION À CES COMPOSÉS DANGEREUX DANS LES MEILLEURS DÉLAIS ! » DÉCLARE FRANÇOIS VEILLERETTE, DIRECTEUR DE GÉNÉRATIONS FUTURES.

« Face à ce constat implacable d’une contamination généralisée de la population par ces polluants – et particulièrement les jeunes enfants- le gouvernement ne peut pas se contenter de demi-mesures. Il faut donc que les ambitions de la 2eme stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens* et du nouveau plan national santé environnement soient revues à la hausse pour faire de la disparition rapide des substances pointées par ces rapports de Santé publique France de notre environnement une priorité de santé publique absolue ! Nous demandons la mise en œuvre d’un plan d’urgence pour protéger les populations de ces polluants dangereux » ajoute-t-il.

 

 Anne-Marie Thomazeau pour VivaMagazine


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