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Comment savoir si mon enfant va mal ?

Lundi 15 juillet 2024

La souffrance psychique d'un enfant peut se traduire de plusieurs façons. Les conseils du Pr Bruno Falissard*, pédopsychiatre et ancien président de l'association internationale de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (IACAPAP) pour repérer les signes d'alerte. 

 

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illustration enfant assis les mains sur le visage

Même un parent attentif ne se rend pas toujours compte que son enfant ne va pas bien, ce qui entraîne un sentiment de culpabilité (« Pourquoi n’ai-je rien vu ? »). Le Pr Bruno Falissard rassure : « C’est difficile à déceler, car l’enfant peut cacher son mal-être ». Pour le pédopsychiatre, « un ensemble de signes non spécifiques peuvent interpeller les parents : des troubles du sommeil, des problèmes d’appétit, une irritabilité ».  

La dépression chez l’enfant peut aussi se manifester par de la colère, un repli sur soi, une dévalorisation, des plaintes somatiques liées à des troubles anxieux (mal au ventre, mal à la tête essentiellement). Le spécialiste insiste sur le fait que le décrochage scolaire – un effondrement des notes et non pas une phobie scolaire – est tout particulièrement signifiant chez les enfants plus grands, un des grands motifs de consultation. « À l’inverse, la tristesse est moins présente que chez l’adulte en cas de troubles psycholgiques». 

Comment réagir au mieux ?

Le premier conseil du Pr Falissard est le suivant. Demandez à l’enfant comment il va, d’égal à égal. « Mieux vaut le faire quand on est seul (seule) avec lui ou elle dans un cadre différent de celui de la maison : profitez d’un trajet en voiture pour l’emmener à une activité ou d’un loisir partagé pour l’interroger », conseille-t-il. 

Si votre enfant vous confie sa souffrance ou si vous constatez les signes évoqués ci-dessus, le premier interlocuteur doit être le médecin traitant. Il vous renverra si besoin vers un pédopsychiatre ou un psychologue spécialisé dans la prise en charge des enfants. 

« Cette prise en charge se fait en principe dans un Centre médico-psychologique (CMP) ou un Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) mais le nombre de pédopsychiatres ayant diminué, alors que la demande de soins a augmenté, il peut être difficile d’avoir rendez-vous rapidement » indique le Pr Falissard. Les médecins généralistes peuvent inclure leurs jeunes patients (à partir de l’âge de 3 ans) dans le dispositif Mon soutien psy qui leur permet bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’Assurance maladie**.

*Auteur de Soigner la souffrance psychique des enfants, Éditions Odile Jacob, 2020. 

** La Liste des psychologues cliniciens participant à ce dispositif se trouve sur le site https://monsoutienpsy.ameli.fr/recherche-psychologue

Santé mentale, une prise en charge insuffisante

En France, les troubles de la santé mentale concerneraient environ 2 % des enfants de moins de 5 ans, 12 % des enfants de 5 à 9 ans et plus de 20 % des enfants de plus de 10 ans. 

La moitié des troubles mentaux se manifestent avant l’âge de 14 ans (chiffres 2019, OMS). Cette souffrance psychique des enfants est en augmentation depuis 2021. Or, seulement la moitié des enfants et adolescents en France souffrant de troubles psychiques diagnostiqués bénéficient de soins adaptés, selon la Cour des comptes). 

 

Troubles mentaux chez l'enfant : trop de médicaments

Les autorités de santé françaises (HAS, ANSM) recommandent les pratiques psychothérapeutiques, éducatives et celles de prévention et d’intervention sociale pour la prise en charge des troubles mentaux chez l’enfant. Parfois, un traitement médicamenteux peut être prescrit en deuxième intention, en soutien de l’accompagnement psychologique, éducatif et social de l’enfant et de sa famille. Or, on constate une surmédication.  

La consommation de médicaments psychotropes par des enfants et adolescents a augmenté, entre 2014 et 2021, de + 62,58 % pour les antidépresseurs ; + 78,07 % pour les psychostimulants ; + 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs et + 48,54 % pour les antipsychotiques.

Source : Rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge : Quand les enfants vont mal : comment les aider ?, 7 mars 2023.