Le Coloving pour rompre la solitude des séniors
La crise sanitaire a amplifié l’isolement des personnes âgées. Conciliant intimité et solidarité, l’habitat intergénérationnel permet de réinventer les relations et de développer une qualité de vie pour tous. Focus sur cette tendance en plein essor.
Vivre ensemble mais chacun chez soi. Né aux États-Unis dans les années 2000, le coliving – de « co », ensemble et « living », vivre – s’implante progressivement dans l’Hexagone. Selon un rapport BNP Paribas paru en 2019, le marché représente plus de 5 000 places en France et devrait atteindre 14 500 lits d’ici 2023. Prisé des étudiants et des jeunes actifs, le coliving attire de plus en plus les seniors en quête d’autonomie et de lien social. « La dimension intergénérationnelle est au cœur de notre ADN », explique Marie Vidal, fondatrice de la société Homies, qui a ouvert deux espaces de ce type dans la métropole lilloise. Sur la vingtaine de locataires, trois sont âgés de plus de 60 ans. « Nous cherchons une complémentarité dans les profils. La présence des aînés rassure les plus jeunes.
Pour les retraités, c’est une vraie réponse à la solitude ». La formule gagnante : au sein d’une grande maison, des studios privés, entièrement équipés avec sanitaires indépendants, et des espaces communs (cuisine, salon, salle à manger, jardin). Des services dignes de l’hôtellerie : assurance, ménage, internet haut débit, abonnement Netflix et panier mensuel de produits de première nécessité sont même inclus dans le loyer. La convivialité d’une colocation, sans les désagréments !
Favoriser le maintien à domicile
D’ici 2060, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Pour répondre au vieillissement de la population et à la crise du logement, le Parlement a voté en 2018 la loi Elan. Objectif : permettre aux personnes âgées en perte d’autonomie de conserver un « chez soi » tout en partageant des espaces et un projet de vie commun. Fruit du partenariat entre Eiffage Immobilier et le bureau d’ingénierie sociale Récipro-Cité, les maisons Cocoon’Ages s’inscrivent dans cette droite ligne. En France, elles représentent un parc de 1 508 logements dont 30 % sont actuellement occupés par des retraités. Ces logements sociaux se distinguent par leurs équipements adaptés.
« Les appartements sont évolutifs, confortables et non stigmatisants, afin de favoriser le maintien à domicile des aînés », explique Serge le Boulch, fondateur de Récipro-Cité. Point fort du dispositif : une conciergerie de quartier pour tous les petits services de la vie quotidienne (café, pressing, garderie, etc.) et surtout, une salle commune appelée Maison des projets où les habitants peuvent partager un repas, se rencontrer, cuisiner ou bricoler, accompagnés du « gestionnaire animateur », un salarié de Récipro-Cité présent quatre jours par semaine. L’humain au cœur du dispositif : un concept qui fonctionne. Une dizaine de résidences ont fleuri en France, et quinze sont en cours de réalisation.
Témoignage
Brigitte Oomen, 79 ans, résidente à la maison Cocoon’Ages de Marseille depuis 2020, raconte : « Je suis très reconnaissante de vivre ici. Il y a une grande mixité entre les générations, c’est très convivial. Avec mon amie Christiane, nous sommes en charge du potager. Cette année, nous avons récolté des salades, des fraises et des choux-fleurs. J’organise aussi des ateliers de tricot. Les logements sont adaptés, c’est bien isolé phoniquement et bien chauffé.
J’ai divisé ma facture d’électricité par deux ! Si j’ai besoin de quelque chose, je peux contacter l’assistance sociale du bailleur. Samira, la gestionnaire animatrice, est très importante aussi. Elle fait le lien entre les locataires et nous aide à organiser des évènements. »