4 Français sur 10 ne vont pas chez le dentiste chaque année
Le 20 mars 2018, c'est la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire. A cette occasion, l'Union française pour la santé bucco-dentaire (Ufsbd) publie un sondage sur « Les Français et la santé de leurs gencives ». Le manque d'information des Français y apparaît patent.
Des chiffres inquiétants
93 % des répondants se considèrent en bonne santé générale et 68 % en bonne santé bucco-dentaire. Interrogés sur leur connaissance du lien entre santé générale et santé bucco-dentaire, seulement 59 % déclarent le connaître. La sphère buccale semble « détachée » du corps pour de nombreux répondants et cette méconnaissance peut avoir des conséquences importantes, notamment lorsqu'on connaît les liens entre problèmes dentaires et maladies chroniques (diabète, maladies cardio-vasculaires). D’une manière générale, les Français n’identifient pas l’impact des maladies parodontales sur leur santé générale et ont une très faible prise de conscience des signaux d’alerte.
- 89 % des répondants qui ont les gencives rouges, enflées et/ou douloureuses se considèrent tout de même en bonne santé générale.
- 90 % de ceux qui déclarent souffrir d’halitose (mauvaise haleine) se considèrent également en bonne santé.
Plus inquiétant encore, le saignement des gencives n’est pas perçu comme un signal d’alerte bucco-dentaire.
- 64 % des répondants déclarent d'ailleurs que leurs gencives sont en bonne santé alors que 76 % ont les gencives qui saignent régulièrement au brossage. En outre, en cas de gencives douloureuses ou qui saignent, 22 % déclarent ne rien faire et seulement 9 % pensent à aller consulter. Ils préfèrent s’automédiquer (64 %) : en changeant de dentifrice pour un « spécial gencives » ou une brosse à dents « à poils souples », ou utiliser un bain de bouche pendant plusieurs jours. A noter aussi que 22 % des personnes interrogées ne font rien, surtout les jeunes de moins de 30 ans.
4 répondants sur 10 n’ont toujours pas intégré la visite annuelle chez le dentiste comme un élément incontournable de leur parcours santé.
Plus grave, 50 % des répondants n'ont jamais entendu parler des maladies parodontales.
Maladies parodontales, c'est quoi ?
Elles se caractérisent par une inflammation gingivale évolutive avec une destruction des tissus de soutien de la dent, que sont l’os et les ligaments alvéolaires, entraînant une mobilité dentaire pouvant conduire à la perte des dents. Deux types de maladies parodontales existent.
- La gingivite : inflammation des gencives qui entraîne saignements et œdèmes, première manifestation de la maladie parodontale. Cette inflammation peut être réversible en reprenant une hygiène bucco-dentaire stricte (brossage deux fois par jour) associée à un détartrage prophylactique réalisé en cabinet dentaire.
- La parodontite : inflammation qui s’étend progressivement vers l’os, en formant des « poches » infectées entre la gencive et la dent. En l’absence de traitement, la parodontite entraîne une destruction de l’os et un déchaussement, pouvant aboutir à une perte des dents.
Le facteur étiologique déclenchant les parodontopathies est l’accumulation de plaque bactérienne due à un défaut d’hygiène. La malposition des dents, des restaurations dentaires inadéquates, des traitements orthodontiques inadaptés, le tabac, le stress, l’alcool…sont autant de facteurs qui peuvent jouer un rôle d’accélérateur dans la progression des maladies parodontales.
En France, les données épidémiologiques montrent que la moitié de la population, à partir de 35 ans, présente un problème parodontal (gingivite), avec des formes sévères dans 10 % des cas.
Les deux clefs pour lutter contre les maladies parodontales sont connues et reconnues par de nombreuses études :
- une hygiène bucco-dentaire quotidienne (brossages matin et soir durant deux minutes sans oublier les espaces interdentaires, avec du fil dentaire et/ou des brossettes)
- un suivi au cabinet dentaire avec un nettoyage prophylactique.
Sophie Dartevelle, présidente de l’Ufsbd, tient à préciser que « le brossage des dents et l’hygiène interdentaire deviennent aujourd’hui un vrai point de vigilance sur lequel il est important de sensibiliser le grand public. L’Ufsbd s’est engagée dans cette sensibilisation sur les espaces interdentaires en introduisant des recommandations sur le rôle du fil dentaire après le brossage et /ou des brossettes en fonction de l’espace interdentaire à nettoyer ». Elle se dit confiante : « On n'a jamais autant parlé de prévention et je mets beaucoup d'espoir dans les négociations conventionnelles entre syndicats de dentistes et assurance-maladie. Les choses devraient aller dans le bon sens. »
Anne-Marie Thomazeau- Viva Magazine