Reportage métier : sur le terrain avec un éducateur PJJ
À 28 ans, Manuel est éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse dans un foyer des Yvelines. Engagé dans une structure associative auprès des jeunes depuis de longues années, il fait des études de droit et passe le concours de la PJJ en 2016. Très investi et particulièrement attaché au service public, il partage avec nous son expérience.
“ Nous sommes des acteurs de la réinsertion, nous mobilisons, accompagnons, avec cette variable que rien n’est jamais acquis.”
Que vous inspire le mot « juste » ?
C’est un mot en lien direct avec la notion de justice et d’équité. Dans mon activité, auprès des jeunes pris en charge, ce mot « juste » résonne surtout comme « égalité des chances ».
Une phrase pour décrire votre attachement à votre métier ?
Les éducateurs ont des missions profondément humaines, c’est ce qui me plaît dans ce métier, et c’est d’ailleurs, je pense, un point commun de toutes les professions du ministère de la Justice. Nous travaillons auprès de personnes en grande difficulté. C’est un métier de transmission de valeurs et de contact, au service de l’intérêt général.
Des souvenirs positifs depuis que vous exercez votre métier ?
Il s’agit surtout de satisfactions collectives, car nous ne travaillons pas seul, nous faisons partie d’une institution et rien ne s’accomplit si l’on est seul dans son coin. Un souvenir cependant, quand j’étais en stage à Toulouse avant ma titularisation, un jeune m’a remercié pour ce que j’avais fait et m’a dit « si j’étais à ta place, je travaillerais comme toi ». Venant d’un jeune avec beaucoup de difficultés, que nous avions réussi à stabiliser et à réinsérer, il s’agit d’un très beau compliment.
« Nous sommes là pour montrer à ces jeunes que la société leur tend les bras. »
Des conseils à donner à des jeunes qui voudraient exercer votre métier ?
Éducateur, c’est un métier fort en rebondissements et en histoires de vie. Ces richesses de situations permettent justement d’avoir dans l’exercice de notre métier une certaine forme de liberté pour monter des projets avec les jeunes, qu’il s’agisse de projets culturels, solidaires ou sportifs. De mon côté par exemple, j’ai pu emmener les jeunes de notre foyer faire du golf avec l’objectif de rompre avec les représentations que l’on peut avoir de ce sport. Notre structure travaille aussi avec les Restos du Coeur et organise des maraudes dans notre département, sous un angle plus philanthropique. Nous sommes là pour montrer à ces jeunes que la société leur tend les bras, encore faut-il la saisir.
Si vous pouviez tout recommencer, choisiriez-vous le même métier ?
Peut-être pas, mais je ne regrette rien. Dans ma vie actuelle, ce parcours a du sens et il en prendra aussi par la suite. Je vais prendre le temps de vivre pleinement cette expérience de terrain en hébergement, c’est d’après moi la partie la plus brute et enrichissante de notre métier ; puis je verrai comment évoluer soit hiérarchiquement, soit en changeant de lieu d’activité. On peut être éducateur en détention, en milieu ouvert, dans les tribunaux … les possibilités sont multiples et c’est très bien.