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Commissaire de justice : rencontre avec Patrice Gras

Lundi 07 avril 2025

Patrice Gras exerce avec passion son métier aux multiples facettes, dans lequel l'imprévu s'invite chaque jour. Commissaire de justice associé chez Id Facto groupe, il est aussi Président de l'Union nationale des commissaires de justice. 

Plaçant l'humain au cœur de son éthique professionnelle, il se mobilise sans relâche pour faire mieux connaître la diversité des expertises du commissaire de justice. 

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Patrice Gras reportage terrain mutuelle santé mmj

Que vous inspire le mot juste ? 

Il se réfère à la notion de justesse ! Nous sommes mandatés pour mettre à exécution des décisions de justice, mais nous devons le faire avec justesse, c’est-à-dire en nous adaptant à l’autre, à son histoire, à son environnement. 

Nous sommes là pour trouver une solution avec la personne et non contre elle. La justesse renvoie à l’écoute, au respect, à l’humanité tout simplement.

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Mutuelle MMJ Patrice Gras

Pourquoi êtes-vous devenu huissier de justice ? 

Adolescent, j'étais attiré par les métiers de la justice. La profession d'huissier m'a séduite, car elle conjugue l'utilité d'un officier public et ministériel et la liberté d'une profession libérale. L'entrepreneuriat est une aspiration forte pour moi. J'aime être mon propre patron, organiser mon temps, recruter, former, transmettre. Aujourd'hui, je suis associé d'une structure qui gère huit études et deux salles de vente, grâce à l'implication de collaborateurs. 

J'exerce depuis plus de 30 ans et je n'ai pas regretté mon choix une seule minute 

Quelles sont les principales évolutions du métier ? 

La perception de notre métier change. Loin des clichés, les enquêtes d’opinion démontrent l’attachement des Français pour les huissiers, acteurs de la justice sociale de proximité. Notre profession s’est largement féminisée – nous atteindrons la parité dans 10 ans – et rajeunie. 

La dimension psychologique prend une place accrue. Nous sommes des professionnels de terrain avec un pied au milieu du salon et un autre au milieu de l’entreprise. Nous devons faire preuve de discernement et d’empathie. Notre société souffre et des personnes se paupérisent. Il n’en est que plus vital de placer l’humain au centre du recouvrement.

La loi du 1er juillet 2022, qui a créé la profession unique de commissaire de justice, a-t-elle changé votre profession ? 


L’ambition de départ était de créer une grande profession de l’exécution. Or, la loi est demeurée une réforme technique, qui a révélé la méconnaissance du métier d’huissier de justice concernant les ventes aux enchères. Nous n’avons pas attendu la réforme pour en faire ! Le mariage de force entre huissiers de justice et commissaires-priseurs a pu être mal ressenti.

Cela ne nous empêche pas de travailler en bonne intelligence, de créer des unions pour construire ensemble l’avenir de notre profession. Beaucoup de choses nous réunissent, à commencer par nos valeurs d’exigence et d’ouverture.

" Le commissaire de justice est à la fois un officier public ministériel et un chef d'entreprise "

Quel est le principal défi qui vous anime aujourd'hui ? 

La plupart des grandes entreprises ont leur avocat, leur notaire... Pourquoi n'auraient-ils pas leur commissaire de justice ? Lorsque nous sommes mandatés pour exécuter une décision, nous sommes déjà ambassadeurs de l'image de l'entreprise. 

On peut tout à fait imaginer aller plus loin en nous intégrant au sein d'un parcours d'accompagnement. Cette analyse est tout aussi valable pour l'État. Nous pouvons intervenir en amont sur des sujets majeurs, tels que la lutte contre la fraude. Ancrés au cœur des territoires, nous ne demandons qu'à petre encore plus utiles. 

Je multiplie les démarches pour sensibiliser les professionnels du privé et les responsables politiques sur ce sujet. 

Trois questions à Agnès Carlier, 

Commissaire-priseur judiciaire chez Hôtel des ventes du Marais et vice-présidente de la Chambre nationale des commissaires de Justice

Pourquoi avez-vous choisi le métier de commissaire-priseur ? 

J'ai toujours aimé découvrir les musées et être au contact des œuvres. J'ai découvert ce métier par hasard, car personne de mon entourage ne l'exerçait. Il s'est imposé comme une vocation, car c'est l'une des rares professions, sinon la seule, qui associe passion artistique et rigueur juridique. 

J'ai fait une maîtrise de droit privé et étudié l'histoire de l'art à l'École du Louvre. Depuis plus de 30 ans, j'évolue au contact des objets et je ne suis pas près de m'en lasser ! 

Commissaire de justice Agnès Carlier

Quelles sont les qualités principales pour exercer ce métier ? 

Sur le volet juridique, la compétence, la rigueur et la disponibilité. C'est une profession prenante, qui demande beaucoup d'investissement, mais comme c'est un métier passion, le temps passe vite ! 

Sur le volet artistique, il faut être curieux et ouvert, savoir porter un œil neuf sur un objet, aimer chercher dans les livres, se plonger dans l'histoire des artistiques et de leurs œuvres. Tout n'est pas numérisé, loin s'en faut et il y a encore beaucoup à découvrir. 

Quel est votre regard sur la réforme de 2022 ? 

Ce n'est pas la première à laquelle j'ai dû m'adapter ! Elle suit les réformes de 2000 et de 2011. Elle a nécessité une remise à plat pour nous autres, ex-commissaires-priseurs. Ancrées dans un périmètre local, aux côtés des tribunaux de commerce et des crédits municipaux, nos études sont des très petites entreprises. Dans mon étude, par exemple, nous sommes trois associés et sept salariés travaillent à nos côtés. Il est donc difficile de réunir toutes les compétences du commissaire de justice dans une seule étude. 

Nous sommes encore dans une phase de transition, mais les choses se mettent en place progressivement, avec l'arrivée des jeunes générations formées comme commissaires. L'essentiel est de continuer à faire notre métier le mieux possible. 

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