Directrice des services de greffe judiciaires : reportage avec Olivia Hounkpe
Ancienne demeure du duc de Normandie et roi d’Angleterre Henri 1ᵉʳ Beauclerc, le château d’Argentan abrite le palais de Justice depuis le début du XIXe siècle. C’est là que nous rencontrons Olivia Hounkpe. Jeune directrice des services de greffe judiciaires placée, elle contribue avec dynamisme et enthousiasme à la bonne marche d’un service qui compte une quarantaine de personnes, aux côtés de la directrice en poste.
Quel est votre parcours professionnel ?
Après des études de droit, j’ai passé le concours de greffier pour intégrer l’École nationale des Greffes en 2015. La scolarité comporte un volet théorique et un volet pratique. J’ai fait plusieurs stages, l’un au tribunal de grande instance de Lisieux, un autre au tribunal d’instance de Caen ainsi qu’au conseil, de prud’hommes de cette même ville.
À l’issue de ma scolarité, je suis devenue greffière au tribunal d’instance de Paris 18ᵉ. Au bout de six mois, dans l’arrondissement, j’ai vécu le grand déménagement dans les nouveaux locaux à la Porte de Clichy.
Après six ans à Paris, j’ai passé et réussi le concours de directeur de greffe et j’ai choisi de devenir directrice des services de greffe judiciaires placée (DSGJ). J’ai commencé en qualité de coresponsable de la gestion de la formation au service administratif régional de Caen, avant de prendre le poste de directrice des services de greffe adjointe à Argentan en septembre 2023, pour une mission de quatre mois.
En quoi consiste le métier de directeur de greffe
Sa première mission consiste à assurer le bon fonctionnement des services de greffe d’une juridiction. Avec ma collègue directrice de greffe, je participe aux comités de gestion pilotés par le président et le procureur où sont évoqués tous les aspects de la bonne marche de la juridiction. Ainsi, j’interviens à différents niveaux : management du personnel, informatique, formation, immobilier…
Parfois, on doit mener à bien des projets, donc on devient aussi un peu chef de projet local. Ici, je travaille par exemple beaucoup au déploiement de la procédure pénale numérique (voir encadré) souhaitée par le ministère de la Justice.
En qualité de directrice des services de greffe placée, vous intervenez de façon temporaire selon les besoins des juridictions régionales. Pourquoi ce choix ?
Je suis en début de carrière et je trouvais intéressante cette mobilité tant géographique que fonctionnelle. Passer d’un poste administratif à un poste en juridiction oblige à s’adapter et à comprendre les difficultés des uns et des autres. Argentan est par exemple un cas spécifique : du fait de la présence d’un centre de détention, il y a une forte activité pénale. Être placée, c’est une gymnastique de l’esprit permanente, qui encourage aussi à conserver une distance émotionnelle par rapport à ce que l’on fait.
Comment a évolué la profession ?
Avant, le greffier en chef – ancien qualificatif pour directeur de greffe – avait plus de fonctions juridictionnelles. Aujourd’hui, il a davantage une responsabilité de manager et de gestion des ressources humaines. Dans un contexte parfois difficile : agents en mal de reconnaissance, absentéisme…
Comment décririez-vous l'attachement
à votre métier ?
J’aime l’humain dans toute sa complexité, raison pour laquelle je me retrouve complètement dans un métier à forte composante RH ! C’est à la fois enrichissant et compliqué, j’essaie de trouver le juste équilibre entre prise en compte des spécificités de chacun et devoir d’objectivité.
Quelles sont vos plus belles rencontres professionnelles ?
Dans le cadre de ma formation de greffier, lors de mon stage à Lisieux, j’ai été amenée à connaître la directrice du service de greffe placée. Une personne exceptionnelle, qui est aujourd’hui devenue une collègue puisqu’elle est désormais responsable de la gestion des ressources humaines au service régional administratif de Caen. Son intelligence sociale et relationnelle m’inspire au quotidien.
Quel est pour vous le sens du mot "juste" ?
Juste, pour moi, signifie veiller à l'équité, en essayant d'être le plus objectif possible.
Quel combat mener pour un monde plus juste ?
Mieux communiquer me paraît essentiel. Beaucoup de problèmes proviennent d’abord d’une absence de compréhension mutuelle, due à un manque de communication. Je pratique l’écoute active et je prends toujours le temps de l’échange dans les décisions que je dois prendre.
Pour une justice plus rapide et efficace
La juridiction d’Argentan déploie la Procédure pénale numérique (PPN) mise en œuvre par le ministère de l’Intérieur et le ministre de la Justice pour moderniser la justice pénale. Cela passe par la mise en place de la signature électronique et l’abandon progressif du papier au profit d’une transmission des dossiers sous forme dématérialisée et sécurisée.